26 Nov Le chanteur signe un album aussi sobre qu’exigeant
Serge Lama, qui s’est retiré de la scène en 2023, publie Poètes, un album récitatif consacré aux grandes voix de la littérature française. Un projet mûri pendant des décennies, où le chanteur offre sa voix à une anthologie personnelle allant de François Villon à Arthur Rimbaud, en passant par Victor Hugo. Une manière pour lui de prolonger l’art qu’il ne peut plus défendre debout, mais qu’il habite encore avec une intensité intacte.
Derrière Poètes se dessine une ambition rare : faire dialoguer des textes distants parfois de cinq siècles. Serge Lama convoque notamment Arthur Rimbaud, Charles Baudelaire, Victor Hugo, Alfred de Musset ou encore François Villon.
Cette sélection, précise et cohérente, est le résultat d’un long travail de composition. Lama parle d’un « vitrail » : une mosaïque qu’il a patiemment assemblée pour faire entendre une continuité sensible entre des œuvres pourtant éloignées.
Les musiques et arrangements sont signés du compositeur Augustin Charnet, dont les textures discrètes soutiennent la diction sans jamais s’y substituer. La prise de son et la coordination artistique ont été confiées à Sergio Tomassi, collaborateur régulier du chanteur.
Une voix au service du texte
Serge Lama ne chante pas ici : il dit. Et cette nuance est décisive. Dans Poètes, il prête son timbre grave et familier à des textes que l’on connaît souvent par cœur, mais que l’on entend autrement lorsqu’ils ne sont plus mis en musique, seulement accompagnés.
Loin d’un disque testamentaire, Poètes apparaît comme une prolongation logique de son œuvre : un retour à l’origine des mots.
Cette sobriété donne toute leur place à des vers parfois étudiés à l’école, et qui retrouvent une clarté neuve. L’album épouse la cadence naturelle des poèmes, sans surcharge, avec une énergie contenue qui porte l’ensemble.
Lama le confie : ce disque figurait depuis longtemps parmi ses projets rêvés. Sa carrière, ses tournées et ses disques ont retardé l’échéance. La retraite scénique l’a finalement rendu possible.
Une activité littéraire qui se poursuit
Malgré ses problèmes physiques, hérités notamment de son accident en 1965, Serge Lama continue d’écrire. Il signe encore des textes pour d’autres artistes, comme pour Julien Clerc récemment.
Il observe aussi l’évolution du métier : une industrie plus incertaine, un public moins mobile, et des conditions d’apprentissage devenues complexes pour les jeunes artistes, privés des premières parties qui avaient permis à des chanteurs comme Alain Barrière ou Enrico Macias de transmettre leurs codes.
À 82 ans, Serge Lama ne remontera sans doute plus sur scène. Il le dit sans détour : la voix tient, mais le corps ne suit plus.
Cet album-récital, resserré, épuré, est moins un adieu qu’un prolongement. Une façon de rappeler que, pour lui, la poésie n’a jamais été un refuge : elle est son origine, sa méthode, son souffle.
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