Ronsard : 500 ans d’héritage poétique

Portrait posthume de Ronsard par l’École de Blois, musée des Beaux-Arts de Blois. © photo : domaine public
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Les amours
(11,20 €)
 Gallimard

Tout ce que Ronsard a écrit de vers amoureux, mais aussi érotiques, au temps de sa verte jeunesse, et qu’il a publié entre 1552 et 1560 à Cassandre, à Marie, aux belles et accortes paysannes qui s’abandonnent sur un talus, le poète dit sa ferveur, dans une langue tantôt familière et leste, tantôt au moyen d’images mythologiques que l’on retrouve dans l’art de Fontainebleau.

Pierre de Ronsard, souvent surnommé le « Prince des Poètes », incarne à lui seul l’esprit de la Renaissance française. Né le 11 septembre 1524 au château de la Poissonnière, près de Vendôme, il a laissé une empreinte indélébile dans le paysage littéraire par ses vers élégants et ses thèmes universels. Considéré comme l’une des figures emblématiques de la Pléiade, ce groupe de poètes humanistes du XVIe siècle, Ronsard a su marier la tradition poétique classique à une modernité qui, aujourd’hui encore, résonne dans nos cœurs et nos esprits.

Un destin façonné par la poésie

Ronsard grandit dans une famille noble et reçoit une éducation soignée, baignée dans l’humanisme de l’époque. À l’âge de douze ans, il devient page à la cour de France, au service des enfants du roi François Ier. Très tôt, il montre un goût prononcé pour la littérature et les arts. Mais c’est à l’âge de vingt ans, après une maladie qui le laisse partiellement sourd, qu’il renonce à la carrière militaire ou diplomatique qu’on lui destinait et se consacre entièrement à la poésie.

En 1545, Ronsard rencontre Cassandre Salviati, une jeune Italienne dont il tombe éperdument amoureux. Cet amour non partagé devient l’une des sources d’inspiration majeures de son œuvre, donnant naissance à ses célèbres « Amours de Cassandre ». Ce recueil, publié en 1552, pose les bases de son esthétique poétique, mêlant passion et raffinement, et marquant le début de son ascension littéraire.

La Pléiade et la révolution poétique

Ronsard devient rapidement le chef de file de la Pléiade, un groupe de sept poètes réunis autour de Joachim du Bellay, dont le but est de renouveler la langue française en s’inspirant des modèles antiques grecs et latins. Ensemble, ils défendent l’idée que la poésie doit enrichir le français en le dotant d’une véritable dignité littéraire. Ronsard, par son talent et sa vision, s’impose comme le maître de cette nouvelle poésie.

Ses œuvres, telles que Les Odes (1550) et Les Hymnes (1555), démontrent une grande maîtrise de la forme poétique et une capacité à exprimer des sentiments complexes à travers des images puissantes et des métaphores subtiles. Ronsard puise dans les mythes de l’Antiquité, les thèmes pastoraux, et le lyrisme amoureux pour composer des poèmes qui célèbrent à la fois la beauté du monde et l’éphémérité de la vie.

Une poésie entre amour et mélancolie

L’amour, sous toutes ses formes, occupe une place centrale dans l’œuvre de Ronsard. Qu’il chante l’amour de Cassandre, Marie ou Hélène, ses vers expriment une passion dévorante et une admiration sans borne pour la beauté féminine. Mais Ronsard n’est pas seulement le poète de l’amour heureux. Il est aussi celui de l’amour perdu, de l’absence, de la douleur et de la mélancolie. Son célèbre sonnet « Quand vous serez bien vieille », adressé à Hélène de Surgères, est l’un des plus poignants exemples de cette dualité entre désir et désillusion.

En parallèle, sa poésie est également imprégnée d’une conscience aiguë de la fuite du temps. Ronsard invite son lecteur à profiter de l’instant présent, suivant en cela la philosophie épicurienne du carpe diem. Cette invitation à jouir des plaisirs de la vie tout en étant conscient de leur caractère éphémère traverse toute son œuvre et lui donne une profondeur unique.

Ronsard et l’engagement politique

Outre ses vers amoureux, Ronsard s’engage également dans les débats de son temps. Poète officiel de la cour, il écrit des poèmes politiques et religieux, notamment pendant les guerres de Religion qui déchirent la France au XVIe siècle. Ses Discours (1562-1563) témoignent de son attachement à la paix civile et à l’autorité royale, tout en dénonçant les excès et les violences des deux camps. Cette facette de son œuvre montre un poète sensible aux troubles de son époque, soucieux de défendre l’unité du royaume et la grandeur de la France.

Ronsard et l’engagement politique

Ronsard meurt en 1585, laissant derrière lui une œuvre riche et variée, qui influencera de nombreux poètes après lui. Son apport à la langue française et à la poésie est immense : il a su donner à cette dernière ses lettres de noblesse, en lui offrant une place centrale dans la culture et la société de son temps.

Aujourd’hui encore, Pierre de Ronsard reste une figure majeure de la littérature française. Ses poèmes, traduits et étudiés dans le monde entier, continuent de toucher par leur sensibilité et leur profondeur. Il nous rappelle que la poésie, loin d’être un simple exercice littéraire, est avant tout une manière d’habiter le monde de manière plus intense, plus lucide, et plus poétique.

En redécouvrant Ronsard, nous nous reconnectons à une tradition littéraire qui, tout en appartenant au passé, n’a rien perdu de sa modernité et de sa capacité à émouvoir. Le « Prince des Poètes » est, aujourd’hui encore, un guide précieux pour qui veut comprendre l’essence de l’amour, de la beauté et de la condition humaine.

Evènement

Territoires vendômois a souhaité inscrire cet évènement sur l’ensemble de son territoire, afin de permettre à chacun de découvrir ou redécouvrir le poète sous différentes formes.

Que reste-t-il de Ronsard ?

Alice Develey, journaliste au Figaro Littéraire, reçoit Mireille Huchon, professeur émérite à la Sorbonne, membre honoraire de l’Institut universitaire de France et éditrice de La Pléiade dans la bibliothèque de La Pléiade.

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