La poésie est ce territoire singulier où les idées s’entremêlent et créent un lieu de rencontre où les individualités se construisent. Elle est un espace mitoyen où le langage permet à celui ou celle qui dit et celle ou celui qui écoute de se retrouver, de faire un, de faire sens. Parfois belle, parfois bouleversante, comportant des zones d’ombre ou de lumière, elle est le terreau où croissent les individus dans l’ouverture à l’autre. Vivre la poésie, c’est trouver une place dans le monde et c’est précisément ce que veut réaliser, pour le plus grand nombre, le Festival international de la poésie de Trois-Rivières.

Construite à la confluence de la rivière Saint-Maurice et du fleuve Saint-Laurent, notre ville s’impose en tant que capitale francophone de la poésie. Ici, la poésie ne se limite pas à la tenue du Festival. Elle apparaît au détour des rues sous la forme de plaques accueillant des vers sur les murs des édifices, sur les bancs des parcs et elle orne les sentiers d’espaces naturels où il fait bon se promener. Elle se vit à longueur d’année en ce lieu que les Atikamekw, les Autochtones qui peuplent le bassin versant de la Saint-Maurice, nomment depuis neuf mille ans Metaperotin, là où les vents se croisent. Terre d’eau, de vents, de poètes et d’amateurs de poésie qui se réunissent, Trois-Rivières est un maëlstrom.

Cela fait désormais 41 ans que le Festival accueille les poètes de partout sur la planète et leur donne la parole dans l’espace public, sur scène, mais également dans les écoles, les maisons de retraite, les parcs, les bars et restaurants et même auprès des personnes itinérantes. Durant 10 jours, le cœur de la ville bat au rythme des mots et des émotions. Trois-Rivières façonne la poésie et la poésie façonne Trois-Rivières dans un échange inextricable, l’une étant le mortier et la brique de l’autre.

Entre le 3 et le 12 octobre dernier, 87 poètes venus d’Europe de l’Ouest et de l’Est, d’Amérique du Nord et du Sud, du Moyen Orient et d’Asie ont porté leur voix chez nous et se sont mêlés aux poètes des quatre coins du Québec, faisant de notre ville un carrefour international de la prise de parole, un lieu d’échange des idées de partout. Cette confluence de voix nourrit la scène poétique déjà foisonnante de Trois-Rivières et du Québec.  Ce faisant, elle donne un souffle à la poésie du monde entier, puisque, on l’a dit, des poètes du Canada et du Québec, des États-Unis, de France, de Suisse, de Belgique, de Chine, du Honduras, d’Équateur, du Népal et d’ailleurs apportent une part d’eux et l’offrent en partage chez nous, puis repartent avec un coin d’ici, forts des rencontres et des liens noués ici, en ce lieu de confluences, pour faire vivre un peu plus leur poésie pour donner voix chaque année à un peu plus d’humanité.

Nous habitons un poème et ce n’est pas une figure de style : Trois-Rivières est un poème.