Sous le soleil ardent, il prend son envol et s’égare,
Dans le désert aride, il n’y a pas de répit ni de gare,
La route cuisante est longue sans oasis à vue d’œil,
Seule la bise du soir étale l’arôme du chèvrefeuille,
Son bâton de pèlerin frappe la roche sablonneuse,
Soudain, la sueur perle sur son doux front hâlé,
Alors que le toit d’un abri surgit dans le ciel étoilé,
Avec l’espoir d’un sommeil et une jolie berceuse,
Doucement, il goûte au silence serein d’une nuit d’été,
Une bourrasque fleurie souffle sur son corps étendu,
Des promeneurs égarés admirent l’éclat de son épée,
Fortement tentés de lui dérober ce trésor intact et nu,
La lune, ronde et pleine, inonde leur regard perdu,
Comme pour les détourner de leur crime silencieux,
Alors que le mat poursuit son songe d’avoir trop bu,
Dans un magnifique jardin suspendu entre les cieux,
Il se réveille aux aurores, le sang agité sous la peau,
Le ciel en contrebas enserrant ses côtes endolories,
Les rires des flâneurs emplissant l’abri en lambeaux,
L’épée perdue dans le halo de cette étrange comédie,
Le mat, insouciant et libre, dans l’attente d’un frisson,
Presque égaré dans les méandres des accusations,
Repart discret et effrayé par cette colère inattendue,
Sur cette terre aride, loin du chaos et des imprévus,
Un jour, peut-être, l’attendra une nouvelle aventure,
Eternel rêveur, il sait que la flamme brûlera encore,
Au fond de son cœur, combien de temps il ignore,
Il se laisse juste porter par le songe d’une mer azur,
Quelques jours ou quelques semaines de folie,
Valent bien plus que de longues années d’ennui,
Alors, le mat hâtif chavire à gauche, puis à droite,
Peu importe, les entrelacs de sa vie maladroite,
extrait de "Les poèmes du tarot"
© tous droits réservés - Florence Albertani
Le lys bleu Editions