12 Nov Centrale, la poésie au cœur de Paris
Au 161 rue Saint-Martin, une lumière nouvelle s’est allumée dans le paysage littéraire parisien. Entre les vitrines uniformes et les enseignes de passage, la librairie Centrale attire l’œil par sa sobriété : un nom à la fois simple et mystérieux, une spirale dessinée sur la vitrine, et à l’intérieur, des murs chargés de poésie, de littérature et de théorie
Eva et François, les deux fondateurs, y tiennent un cap : faire de ce lieu un espace à la fois de travail, de circulation des idées et de rencontre. La librairie a ouvert il y a peu, mais déjà, elle fait parler d’elle. « C’est un commerce, mais c’est surtout un lieu », dit Eva. Une formule qui sonne comme un manifeste.
Le centre de tout un monde
L’adresse est symbolique. En plein cœur du Marais, à deux pas de la Maison de la Poésie, Centrale s’inscrit dans un quartier où les mots circulent. Ce voisinage n’est pas un hasard : la librairie est partenaire de la Maison de la Poésie.
Pour Eva, tout cela avait une cohérence. « Je viens du milieu de l’écriture contemporaine, de la revue et de l’édition. Seul un lieu peut faire tenir ensemble ces pratiques. »
Une librairie qui pense autant qu’elle vend
Centrale n’est pas qu’un commerce de livres ; c’est aussi une manière d’habiter la littérature. François parle d’une « tactique existentielle » : vivre de ce qu’on aime, résister aux effacements ou aux marginalisations.
Entre les tables, les rayonnages, on comprend que chaque détail compte : ici, rien n’est laissé au hasard. La librairie revendique une économie fragile mais lucide, portée par la conviction que la poésie est un bien nécessaire.
Et pourquoi ce nom, Centrale ? Le mot amuse les deux fondateurs. « On joue de tous les sens du mot central, raconte François. Cela évoque bien sûr, de façon un peu désuète, le centre-ville, mais aussi la spirale, le mouvement. » Leur logo représente d’ailleurs un cercle en expansion : on tourne autour du centre sans jamais vraiment y accéder. Être au centre, oui, mais d’une manière ironique et légère.
Trois mots pour une constellation : poésie, littérature, théorie
Dès qu’on entre, la ligne éditoriale saute aux yeux. Centrale se présente comme une librairie de sélection, consacrée à la poésie, à la littérature et à la théorie. Trois mots qui dessinent une cartographie du langage.
Ici, pas de best-sellers ni de têtes de gondole. Les livres sont choisis un par un : environ quatre mille titres, de la poésie contemporaine pour la plupart, mais aussi des classiques.
« On a tout ce qui compte pour nous, dit François. Les textes qui pensent, qui osent, qui tentent quelque chose. »
Cette exigence s’explique aussi par le parcours des fondateurs : Eva, co-programmatrice du Sturmfrei Festival et co-fondatrice de la revue Sabir, et François, co-fondateur de la maison d’édition L’Extrême Contemporain, dédiée à la poésie et à la littérature critique. Ce réseau, vivant et poreux, nourrit la librairie : les auteurs s’y croisent, les amitiés s’y tissent.
Un lieu vivant, poreux, ouvert
Centrale n’est pas figée. En marge des ventes, le lieu accueille des lectures, des lancements, des rencontres. En collaboration avec la Maison de la Poésie, la librairie prolonge sa mission : faire entendre les voix d’aujourd’hui, donner à voir la poésie comme une pratique sociale.
À Paris, la poésie n’est pas une relique ; elle est un battement. Pour François, elle est même une nécessité : « La poésie à Paris a une signification particulière, elle fait partie de la ville et elle y a une existence immédiatement politique. »
Centrale prend ainsi sa place dans une histoire longue : celle des librairies parisiennes comme refuges et laboratoires.
Un lieu vivant, poreux, ouvert
Centrale n’est pas figée. En marge des ventes, le lieu accueille des lectures, des lancements, des rencontres. En collaboration avec la Maison de la Poésie, la librairie prolonge sa mission : faire entendre les voix d’aujourd’hui, donner à voir la poésie comme une pratique sociale.
À Paris, la poésie n’est pas une relique ; elle est un battement. Pour François, elle est même une nécessité : « La poésie à Paris a une signification particulière, elle fait partie de la ville et elle y a une existence immédiatement politique. »
Centrale prend ainsi sa place dans une histoire longue : celle des librairies parisiennes comme refuges et laboratoires.
Informations pratiques
Un exemple de sélection raisonnée
Illustration parfaite de la circulation des temps et des corps à la librairie Centrale, à travers une sélection littéraire inspirée : les Écrits sur la révolution (1917-1918) de Rosa Luxemburg viennent d’être réédités aux éditions La Découverte. En 2025, sa pensée demeure vive : Denise Le Dantec lui rend hommage avec Rosa, publié chez Al Dante, tandis que Muriel Pic revisite la révolutionnaire dans Le Dernier printemps de Rosa Luxemburg, paru aux éditions Le Bruit du temps.
Informations complémentaires
L'extrême contemporain
L’Extrême Contemporain est une maison d’édition indépendante dédiée aux écritures qui interrogent la langue et le monde. Entre poésie, essai et traduction, elle défend une littérature exigeante et inventive, à rebours des logiques commerciales. Chaque publication y devient un geste critique, un espace d’expérimentation formelle où la pensée se fait texte.
Sturmfrei Festival
À la croisée de la poésie, de la fête et de la performance, le Sturmfrei Festival bouscule les repères : loin des salons littéraires classiques, il investit les clubs, les scènes nocturnes et les lieux de musique électronique pour faire vibrer l’écriture en collectif.
Revue Sabir
Sabir est une collection littéraire ouverte et expérimentale où se croisent poésie, théâtre, nouvelles, essais et écrits d’artistes. Pensée comme un espace de dialogue entre formes et voix, elle réunit des auteur·rice·s autour d’un thème commun, sans recours à l’image : ici, tout passe par le texte, seul territoire d’expression et d’interaction.
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