J’aurais préféré ne pas avoir à écrire aujourd’hui ce texte en mémoire de Carole Bijou, ou alors dans d’autres circonstances, pour évoquer son écriture, son sourire lumineux, ses lectures.

La première fois que j’ai entendu son nom c’était en 2018, une autrice me demandait d’envoyer son livre à une jeune femme, Carole Bijou, qui animait une émission de radio à Lyon sur Radio Canut « la poésie débouche ». Puis je l’ai rencontré en 2021, au Marché de la poésie. Curieuse, passionnée, nous avons discuté de poésie, des auteurs et des autrices dont elle appréciait les livres. Nous avons aussi évoqué son travail photographique, autour du corps, de son corps, de celui de l’aimé, ses autoportraits. Déjà, ce qui est le cœur de son travail poétique, l’amour, l’amitié, le désir était là.

Peu de temps après, elle m’a adressé un manuscrit intitulé Ventres. Dès la première lecture, les sujets traités, entre amour et sexualité, entre injonction sociale et désir d’enfant m’ont profondément intéressée. Colère, inquiétude, plaisir, rapports à l’homme, à l’amour et au désir, cette poésie s’inscrit dans la tradition de la poésie de l’intime quand l’intime devient politique. J’ai été  touchée par les textes qui réfléchissaient au terme « nullipare » dont on affuble les femmes sans enfant. Ventres sort en librairie le 13 octobre 2022 et deux ans plus tard paraîtra son deuxième livre « Blocs d’amour ». Texte chaleureux et délicat, celui d’une jeune femme qui parle avec joie de l’amour, du désir, de l’être aimé, empruntant parfois à l’anglais son rythme et sa concision.

Au-delà de ces souvenirs, j’aimerai faire découvrir son écriture, regrettant qu’elle ne puisse plus porter  avec intensité et force ses textes, comme elle le faisait dans les lectures dans les librairies ou lors des des festivals. Laissons sa poésie parler pour elle.