Passé, présent ou à découvrir,
L’instant n’est que fraction.
Perdu entre celui à venir,
Et l’instant que l’on dit révolu,
Saisir aujourd’hui, ce temps qui n’est déjà plus.
Fragile, imminent, précis,
Parfois même où l’on s’y réfugie,
Heureux ou moins chanceux, mais à vivre,
L’instant d’un instant, s’en affranchir,
D’instant en instant, le redécouvrir.
Eclat d’une illusion suspendue,
Il est celui que l’on voudrait prisonnier.
Par la fleur éclose de nos envies,
Ce rêve fou de l’instant retenu,
Parcourir l’éternité.
Au Professeur Dominique Peyramond
Je m’appelais Élise, je n’étais qu’une enfant.
Je suis morte dit-on, un 4 novembre.
Morte ? Où plutôt guérie, heureuse même d’être partie.
Quand la vie n’est que mépris, la mort devient notre meilleure amie,
Quand la vie n’est que souffrance, attendre la mort dans cette quête de la délivrance.
Je m’appelais Élise, je n’avais que douze ans.
Trop de fois, oui ! Trop de fois j’ai entendu pleurer Maman.
Dans ses larmes versées, j’ai vu un jour son chagrin s’y refléter,
Dans ses larmes versées, ce sentiment d’impuissance et de grande culpabilité,
Au regard de ma vie … qui n’en deviendrait jamais une.
Je m’appelais Élise, je n’étais qu’une enfant.
Ebènes, comme le noir de ma peau, étaient mes jours.
Ebène aussi, mais de bois, était le cœur corrompu de tous ces gens.
Découvrir trop tôt le pourquoi de cette injure,
Le découvrir bien trop tôt et perdre ainsi les raisons de son enfance.
Je m’appelais Élise, je n’avais que douze ans.
Par ce mal emprisonné, la douleur sourde de n’être qu’une offrande et un foyer,
Par ce mal, emprisonnée, la sombre douleur de l’innocence assassinée.
Détruisant toutes mes forces, soumise aux à-coups de ses fangeuses perfidies,
Mon corps lapidé en était devenu la proie misérable et résignée.
Je m’appelais Élise, je n’étais qu’une enfant.
A la fin de ma vie, la chaleur apaisante d’une main posée soudain ressentie.
La chaleur toute dernière d’une main posée … celle de Maman.
Les yeux levés, vides et rongés par l’appel du départ,
Son visage en pleurs, les traits pétrifiés mais sincères.
Comme pour me demander pardon,
Comme pour me dire au revoir,
Comme pour me dire … à bientôt.
« Ces enfants doivent se sentir aimés et intégrés par le monde dans lequel ils vivent,
sans la stigmatisation que le sida continue d’attirer. »
( Lady Diana Spencer, Princesse de Galles, 08.09.1993 )
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