Fenêtre ouverte sur la poésie

Alain Julien

Slam d’Auber

Dans ma cité d’Auber
Moi, j’arpente les rues
C’est parfois la galère
Et souvent l’inconnu

La plupart des voisins
Résident depuis longtemps
Ils croisent mon chemin
Me saluent pas souvent

Ici on a la crainte
De l’autre de son prochain
Alors on ruse on feinte
On fait semblant de rien

Moi j’y suis née ici
Dans ces tours de béton
J’y ai tous mes amis
Rouges, blancs, jaunes et marrons

 

Nous on zappe les couleurs
On vit en noir et blanc
Certains dans la douleur
D’autres dans les tourments

 

À croire qu’à l’intérieur
Tout s’est désagrégé
Pas de petite lueur
Et rien à partager

 

Mais un jour l’étincelle
Surgit bien malgré nous
Quelqu’un vous interpelle
Et discute avec vous

 

Alors tout doucement
On prend goût à la vie
Lentement mais sûrement
Notre visage sourit

 

Et là, tout s’éclaircit
On regarde les autres
On parle aux plus petits
Aux grands on tient la porte

 

On s’intéresse enfin
Plus aux autres qu’à soi-même
On se sent plus serein
Moins rongé par la haine

 

Et toute cette grisaille
En béton où l’on vit
S’atténue, s’éventaille
S’efface et s’appauvrit

 

Relevez haut la tête
Et laissez-vous guider
Ayez le cœur en fête
Au cœur de vos quartiers.

Avance

De l’eau jusqu’aux genoux
Elle avance lentement
Pique par petits bouts
Ses bottes de riz blanc

 

Même si ses pieds s’enlisent
Elle avance sans cesse
Ses gestes se précisent
Sans l’ombre d’une paresse

 

Et quand le ciel rougit
Au coucher du soleil
Son geste s’affaiblit
Arrive le bon sommeil

 

C’est alors qu’elle s’endort
La brave femme malgache
Apaise un peu son corps
Demain pas de relâche

 

Il lui faudra trimer
Planter encore, encore
Seule, l’échine pliée
Fera souffrir son corps

 

Pour nourrir ses enfants
Il lui faut travailler
Sans perdre un seul instant
Car son riz doit pousser

 

Parfois, le soir venu
Après de longs efforts
Elle fixe vers l’inconnu
Une aide, un réconfort

 

Elle les trouve souvent
Dans l’infinie verdure
Qui s’étale lentement
Ses rizières, son futur

 

C’est alors qu’elle sourit
Et elle est vraiment belle
Ça prouve que la vie
Parfois n’est pas cruelle

 

Elle a bien mérité
Ce sourire sauveur
Elle peut s’approprier
Ce moment de bonheur

 

Et elle rit…

© tous droits réservés - Alain Julien

à propos de l'auteur

Je suis un auteur autodidacte et j’écris des poèmes depuis l’âge de seize ans avec parfois des pauses de plusieurs années. Quand j’écris c’est d’un jet. Si l’inspiration est là rien de plus simple que de coucher mes émotions sur le papier. Je fais aussi de la photo. En majorité des portraits. En fait, ce qui m’intéresse, c’est les gens. Lors de mon premier voyage sur Madagascar (il y a plus de 20 ans), j’ai à nouveau composé des poèmes après dix longues années sans en écrire un seul. La bonté des Malgaches et les paysages de cette ile me fascinent J’ai comme ami Léon Fulgence (le grand peintre de l’ile). Ensemble nous partageons notre passion de la photo et côtoyons divers artistes de la grande ile rouge. J’ai aussi pratiqué le théâtre. A ce jour je donne de mon temps bénévolement pour aider les acteurs d’une troupe amateur. C’est d’ailleurs pour cette troupe de théâtre que le texte « Slam d’Auber » a été composé. Coté musique, j’ai écris une soixantaine de chansons. Certaines sont des reprises de mes poèmes… Il ne me reste plus qu’a vous souhaiter bonne lecture…

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