Auteure et poète, Pascale Senk explore depuis une quinzaine d’année le monde des haïkus classiques et contemporains, et anime des ateliers d’initiation à l’écriture et à l’esprit de ces poèmes brefs. Pour Strophe.fr elle enrichit chaque chaque semaine une chronique dédiée à l’art du haïku.
Qu’elle est légère, agile, cette main chapardeuse ! A qui appartient-elle ? À une institutrice en mal de fantaisie ? À un élève turbulent des « grandes classes » ? A un parent d’élève qui vient célébrer ainsi la fin de l’année ? Peu importe. A travers ce geste, le haïjin -nom de celui qui écrit des haïkus- nous parle surtout de la part poétique en chacun de nous : celle qui déroge aux règles enfermantes, celle qui est capable de tout pour trouver un peu de beauté là où il en manque, celle qui vénère les pétales plus que l’or. Le poète cisèle là un haïku de printemps parfait : les cerisiers sont en fleurs bien sûr, mais aussi nous sommes dans un espace revitalisant (la cour d’école) près des plus petits des petits (les maternelles)…haïku de renouveau et d’enfance, donc, plein d’insouciance et de cette légèreté (« karumi ») que le maître du genre, Bashô (1649-1694) , invoquait dans cette poésie qu’il a codifiée. Pas plus japonais que ce haïku donc, et pourtant on pense aussi à Prévert, Doisneau…l’esprit de liberté n’est-il pas universel ?