Deux ans après la découverte de deux sarcophages en plomb sous le transept de Notre-Dame, l’identité de l’un d’eux pourrait être celle du célèbre poète de la Renaissance, Joachim Du Bellay, décédé en 1560. Les travaux dirigés par l’archéologue et médecin Éric Crubézy (médecin et professeur d’anthropologie à l’université Paul-Sabatier, à Toulouse) révèlent des indices troublants : un homme d’environ 35 ans, cavalier chevronné, et atteint de tuberculose, comme l’était Du Bellay selon ses écrits. Cette hypothèse, bien que plausible, laisse encore place à certaines interrogations.
La découverte de ces sarcophages, réalisée en 2022 lors des fouilles sous la cathédrale de Notre-Dame, avait rapidement levé le voile sur l’identité du premier corps : celui du chanoine Antoine de La Porte, décédé en 1710. Cependant, le second sarcophage, non marqué d’une épitaphe, est resté mystérieux, jusqu’aux récentes analyses menées au CHU de Toulouse.
Les ossements montrent que le défunt était un homme d’environ 35 ans, une rareté parmi les sépultures de Notre-Dame, où l’on trouve principalement des hommes âgés de plus de 40 ans. Les analyses médicales révèlent également des lésions osseuses caractéristiques de la tuberculose, une pathologie que les historiens attribuent à Du Bellay, qui souffrait de maux de tête chroniques et de surdité, symptômes avancés de la maladie à l’époque.
Parmi les autres indices, le fait que Du Bellay ait été un cavalier expérimenté renforce l’hypothèse, son mode de vie correspondant aux découvertes archéologiques. Cependant, l’emplacement de sa sépulture intrigue : bien que les textes indiquent qu’il a été inhumé à Notre-Dame, il n’a pas été retrouvé près de son oncle dans la chapelle Saint-Crépin, comme on le supposait. Deux théories sont actuellement envisagées par les chercheurs : soit Du Bellay a été enterré provisoirement à cet endroit, soit il s’agit d’un transfert posthume.
Cette découverte, qui pourrait réécrire une partie de l’histoire de la Renaissance française, est encore à l’étude. Les chercheurs espèrent trouver d’autres preuves pour confirmer définitivement l’identité du défunt et expliquer pourquoi Joachim Du Bellay repose dans cette partie spécifique de la cathédrale.
Vue du sarcophage en plomb entouré des carneaux de chauffage du XIXe siècle. © Denis Gliksman, Inrap
Arrivée et réception des cercueils à l’Institut médical légal de Toulouse.. © Denis Gliksman, Inrap
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