La Java de Rimbaud : un parcours mémoriel en Indonésie

© Photo : Altair Netraphim

Décidément le 170ème anniversaire de la naissance d’Arthur Rimbaud est appelé à faire date. En 1876, Arthur Rimbaud, jeune poète déjà célèbre pour son anticonformisme, débarque sur l’île de Java en Indonésie, engagé dans l’armée néerlandaise. Après seulement deux semaines, il déserte dans des circonstances toujours mystérieuses. Aujourd’hui, seule une plaque à Salatiga, où il séjourna brièvement, rappelle ce passage.

En 1876, Arthur Rimbaud, jeune poète déjà célèbre pour son anticonformisme, débarque sur l’île de Java en Indonésie, engagé dans l’armée néerlandaise. Après seulement deux semaines, il déserte dans des circonstances toujours mystérieuses. Aujourd’hui, seule une plaque à Salatiga, où il séjourna brièvement, rappelle ce passage.

Rimbaud, dont l’œuvre influence encore des auteurs indonésiens, pourrait bientôt être au cœur d’un parcours mémoriel envisagé par les autorités indonésiennes. Le ministère de la Culture souhaite mettre en lumière ce séjour à l’occasion des 75 ans de relations bilatérales entre la France et l’Indonésie en 2025.

Sur les traces de Rimbaud

Dans « Rimbaud à Java », L’écrivain américain Jamie James, installé à Bali et passionné par Rimbaud, livre un essai fascinant sur l’un des épisodes les plus mystérieux de la vie du poète : son passage méconnu à Java en 1876.

Rimbaud débarque à Batavia (l’actuelle Jakarta) le 22 juillet 1876. Jamie James décrit avec précision l’atmosphère de l’époque : « La traversée de Batavia se fit au son des tambours. Les troupes défilaient devant les entrepôts de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales (VOC). Les soldats, dont Rimbaud faisait partie, prirent place dans des trams tirés par des chevaux pour rejoindre la gare de Jatinegara. » Batavia était alors l’une des villes les plus cosmopolites au monde, un carrefour entre commerçants européens, planteurs américains, Indiens, Arabes, Chinois et même des Amérindiens venus du Mexique ou du Pérou.

Rimbaud, affecté au bataillon de fusiliers de première infanterie, rejoint son campement à Salatiga, à une soixantaine de kilomètres de Semarang. Le 30 juillet, il embarque à bord du vapeur « Fransen Van de Putte » pour un voyage de deux jours. À cette époque, Semarang était la deuxième ville de Java. Les soldats parcoururent ensuite 8 kilomètres pour atteindre leur campement.

Au campement, la discipline était relâchée : l’opium circulait librement, et l’alcool était consommé sans modération pour « encourager » les jeunes recrues. Rimbaud, logé avec cinq autres soldats, n’avait plus rien de l’écrivain. Ses années de littérature appartenaient désormais au passé ; il était un soldat comme les autres.

Le 15 août, une messe de l’Assomption était célébrée au campement mais Rimbaud n’y assista pas. Il avait déserté après à peine deux semaines sur l’île, devenant l’un des nombreux soldats à fuir l’armée hollandaise.

La disparition de Rimbaud ne fut constatée que le 16 août, et plusieurs théories entourent sa fuite. L’hypothèse la plus crédible reste qu’il s’embarqua discrètement sous un faux nom à bord du « Wandering Chief », un navire écossais chargé de sucre, qui quitta Java le 30 août et accosta en Irlande le 6 décembre. Rimbaud aurait ensuite rejoint la France pour rentrer à Charleville trois semaines plus tard.

Alors que les voyages de Rimbaud en Afrique et au Moyen-Orient sont largement documentés grâce à ses nombreuses lettres, son séjour à Java demeure entouré de mystère. La seule trace potentiellement liée à cet épisode est son poème « Démocratie », rédigé probablement deux ans avant ce périple. Dans ses vers « poivrés et détrempés », certains spécialistes y voient une allusion à l’île de Sumatra, à ses poivriers et à son climat tropical.

Pas de commentaire

Postez un commentaire

#SUIVEZ-NOUS SUR INSTAGRAM
Review Your Cart
0
Add Coupon Code
Subtotal