
21 Avr Mag Lévêque : Prix CoPo du Jury 2025
Prix du Jury

Les coupables innocentes
Mag Lévêque,
Éditions Blast
Prix des lycéens

Hippocampe
Eva Marzi
Éditions La Veilleuse
Le palmarès des Prix CoPo 2025 vient d’être dévoilé, mettant à l’honneur deux voix puissantes et singulières de la scène poétique contemporaine. Si le jury a choisi de couronner Mag Lévêque pour son recueil Les coupables innocentes, c’est tout un pan de la poésie engagée, intime et politique, qui entre dans la lumière.
Il est des livres qui vous happent dès la première page, qui frappent par leur nécessité brute. Les coupables innocentes, second recueil de Mag Lévêque publié chez Blast, est de ceux-là. Couronné par le Prix CoPo du jury 2025, ce livre est un coup de poing, un cri, un poème en éclats. Il interroge la folie, la mémoire, la filiation – et ce que l’écriture peut encore sauver.
À travers une poésie fragmentaire, profondément narrative, Mag Lévêque remonte les strates d’une histoire familiale marquée par la violence sociale, le sexisme et la maladie mentale. Le point de départ : le basculement soudain de sa mère dans une forme brutale de psychose. La poétesse interroge alors ce dérèglement comme un héritage, une lignée de femmes marquées, abîmées, silencieuses. « On ne devient pas folle comme ça quand on est presque vieille ! », s’exclame-t-elle dans une « interface » saisissante, en plein cœur du recueil.
Écrire pour comprendre. Écrire pour rendre visible. Il y a, chez Mag Lévêque, une lucidité sans concession sur la transmission des traumas, sur la langue comme outil de vérité, voire de survie. Nourrie de son expérience de comédienne et de performeuse, son écriture est viscérale, scénique, rythmée. On y entend les échos du théâtre, du rap, de la poésie orale. Et l’autrice, justement, envisage (pourquoi pas ?) une adaptation scénique du recueil.
Le prix CoPo vient saluer un ouvrage dense, courageux, mais aussi une posture littéraire rare : celle d’une poète qui ne dissocie jamais la forme de l’engagement, la langue du vécu, la page de la scène
Une parole littéraire et politique
Avec ce deuxième livre, Mag Lévêque poursuit un travail déjà amorcé dans un premier recueil, Tant qu’il reste quelque chose à détruire, également publié chez Blast. Là encore, une écriture née de la nécessité de dire, de comprendre, de mettre en forme ce qui ne trouve pas toujours sa place ailleurs.
Ce nouveau prix confirme la force de son approche : une poésie narrative, fragmentaire, frontale. Une écriture qui refuse de tricher, qui nomme les choses sans détour — y compris les plus inconfortables.
Du côté des lycéens : une poésie de l’intime
Le Prix CoPo des lycéens a été attribué à Eva Marzi pour Hippocampe, publié aux éditions La Veilleuse. Là aussi, un texte sensible et incarné, où le corps est au centre, où les images circulent entre mémoire et sensation. Un recueil qui a su parler aux jeunes lecteurs et lectrices des lycées de Normandie et des Hauts-de-France.
Une sélection dense, un contexte tendu
Parmi les 170 manuscrits reçus en juin 2024, sept ont été retenus. Les discussions ont été nourries – signe d’une édition particulièrement riche. Mais cette année, le contexte a aussi été marqué par la censure d’un des recueils abordant des sujets liés aux violences sexuelles, retiré de la sélection lycéenne suite à une intervention du rectorat. Une décision qui a suscité réactions et incompréhensions. Une preuve, aussi, que la poésie reste un espace de friction, où certaines paroles dérangent encore.
Dans ce paysage, le choix du jury pour le texte de Mag Lévêque prend une résonance particulière : celle d’une écriture qui prend position, sans posture.
Prochains rendez-vous
Les lauréates seront présentes au festival POESIA à Val-de-Reuil le 25 mai, pour une rencontre autour de leurs textes. La remise officielle des prix aura lieu le 20 juin, à Paris, sur la grande scène du Marché de la Poésie. Deux rendez-vous pour découvrir – ou redécouvrir – des voix qui comptent dans la poésie d’aujourd’hui-
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