Jean-Christophe Bailly couronné par le Grand Prix de poésie 2025 de l’Académie française

Photo : © Mathieu Bourgois

L’Académie française a attribué, jeudi 26 juin, son Grand Prix de poésie 2025 à Jean-Christophe Bailly, saluant l’ensemble d’une œuvre poétique qui irrigue la littérature contemporaine d’une pensée à la fois philosophique, politique et esthétique.

Un écrivain inclassable

Né à Paris en 1949, Jean-Christophe Bailly est philosophe de formation, essayiste, dramaturge et poète. Auteur d’une quarantaine d’ouvrages, il a enseigné à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois. Son œuvre explore les liens entre le langage, le vivant, l’image et la ville, construisant un rapport au monde qui articule la poésie à la philosophie et aux enjeux écologiques. Son écriture, dense et libre, se déploie dans des recueils tels que Le Versant animal ou Le Dépaysement. Voyages en France, prix Décembre la même année.

Un Grand Prix prestigieux

Créé en 1944, le Grand Prix de poésie de l’Académie française distingue chaque année un poète d’expression française pour l’ensemble de son œuvre. Il a consacré, avant Jean-Christophe Bailly, des auteurs tels que Jules Supervielle, Pierre Jean Jouve, Georges Brassens, Andrée Chedid ou, plus récemment, Jean-Pierre Siméon, Jacques Roubaud ou Hélène Dorion.

Le jury de l’Académie a souligné « la puissance méditative et la singularité poétique » de Bailly, dont l’écriture « tisse sans cesse le sensible et la pensée ». Dans ses essais comme dans sa poésie, il développe une attention aiguë à ce qui nous entoure : l’animal, le paysage, la langue, l’urbanité, composant une œuvre ouverte où se rencontrent philosophie, éthologie, art et politique.

Une reconnaissance attendue

Ce prix vient confirmer la place singulière qu’occupe Jean-Christophe Bailly dans la littérature française : celle d’un auteur pour qui la poésie ne se limite pas à un genre, mais innerve l’ensemble de l’écriture comme une force de vision et de décentrement. Comme il l’écrivait dans Le Dépaysement : « La poésie est le nom donné à ce qui surgit quand la langue, au lieu de poursuivre sa course, se retourne vers son propre mystère. »
Avec ce Grand Prix, Jean-Christophe Bailly rejoint le cercle restreint des poètes français reconnus par l’institution de la rue de Richelieu, confirmant une œuvre qui, depuis plus de quarante ans, renouvelle la poésie en la faisant dialoguer avec les enjeux du monde contemporain.

Jean-Christophe Bailly, une histoire littéraire avec Christian Bourgois

L’histoire éditoriale de Jean-Christophe Bailly est intimement liée aux éditions Bourgois, qui ont accompagné et façonné la diffusion de son œuvre dès les années 1980. C’est chez Bourgois qu’il publie plusieurs textes décisifs, notamment Les Céphéides en 1983, Le Régent en 1987, ou encore Description d’Olonne en 1992, qui lui vaudra le Prix France Culture l’année suivante.

Mais la relation dépasse le simple contrat d’édition : Bailly participe également à l’aventure intellectuelle de la maison en dirigeant, aux côtés de Michel Deutsch et Philippe Lacoue-Labarthe, la collection « Détroits ». Cette dernière, créée dans la seconde moitié des années 1980, devient un espace de pensée transdisciplinaire, accueillant textes philosophiques, poétiques et théoriques. Dans un entretien ultérieur, Bailly évoquera « la liberté et l’exigence intellectuelle » qu’incarnait Christian Bourgois, éditeur légendaire connu pour ses choix audacieux et sa fidélité aux écritures singulières.

Cette complicité éditoriale a durablement marqué l’itinéraire de Bailly, pour qui Bourgois a constitué un tremplin, offrant à ses textes un cadre où la littérature rencontre la philosophie et l’art, et où la poésie se pense comme un mode d’existence parmi d’autres.

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