Le Printemps des poètes du 9 au 25 mars 2024

Depuis 25 ans, le Printemps des Poètes transforme le mois de mars en un immense amphithéâtre de résonances poétiques. Cet événement est devenu le point de rencontre incontournable célébrant la dynamique de la poésie. Chaque édition est le fruit de mois de préparation, orchestrant des collaborations et des créations artistiques qui deviendront les temps forts de l’événement. Elle implique également la coordination d’une vaste diffusion de contenus pour faire vibrer la poésie partout : dans les rues, sur les scènes, dans les écoles, librairies, bibliothèques, médiathèques, mais aussi dans les hôpitaux, prisons, jardins, centres de vie, ainsi que dans les villes et villages en France et, de plus en plus, à l’international. L’événement profite aussi d’une importante et croissante visibilité médiatique et numérique.

Imaginé à l’initiative de Jack Lang, et créé à Paris du 21 au 28 mars 1999 par Emmanuel Hoog et André Velter, afin de contrer les idées reçues et de rendre manifeste l’extrême vigueur de la poésie, Le Printemps des Poètes est vite devenu une manifestation d’ampleur nationale. Sous l’impulsion d’Alain Borer en 2001, puis de Jean-Pierre Siméon de 2002 à 2017, un Centre pour la Poésie est venu prolonger les temps forts du Printemps tout au long de l’année. C’est ainsi que la voix des poètes s’est propagée et que de nombreuses actions poétiques se sont déployées sur tout le territoire et à l’étranger.

En 2018, c’est un troisième souffle, un passage de témoin à Sophie Nauleau, avec L’Ardeur pour emblème, Jean-Marc Barr pour parrain et Ernest Pignon-Ernest pour artiste associé. Puis La Beauté aux côtés de Rachida Brakni et d’Enki Bilal. En mars 2020, Le Courage se révèle prémonitoire, avec une affiche originale signée Pierre Soulages et Sandrine Bonnaire pour marraine. Le Désir lui succède en 2021, escorté par Sarah Moon et Marina Hands de la Comédie-Française. 2022 magnifie L’Éphémère, sur une image de Pina Bausch, en compagnie de Golshifteh Farahani. 2023 s’en vient questionner les Frontières, sur une
photographie de JR avec Amira Casar. Pour les 25 ans du Printemps des Poètes, c’est le coup de pinceau et le jaune d’argent sur vitrail de Fabienne Verdier qui incarneront La Grâce. Avec pour parrain d’exception Sylvain Tesson.

L’édition 2024 sous le signe de la Grâce

Dans son texte d’introduction, Sophie Nauleau (écrivaine et directrice artistique du « Printemps des Poètes ») nous dévoile ce moment de grâce : 

Pour les 25 ans du Printemps des Poètes, quel emblème arrimer à la septième lettre de l’alphabet, dans l’écho de L’Ardeur, de La Beauté, du Courage, du Désir, de L’Éphémère ou des Frontières ?

Quel vocable de fière lignée, qui soit tout aussi déroutant, inspirant que vaste, à la fois doté d’un sens ascendant capable d’éveiller les voix hautes et valeureuses, mais lesté cependant d’injonctions brusquées, franches et quelquefois fatales ?

Ce sera donc La Grâce, avec son accent circonflexe qui hausse en un instant le ton. Autrement dit La Grâce dans tous ses états, du plus sublime à celui, brutal et définitif, qui foudroie sur le coup.

De grâce implorent à jamais les amants des tragédies, alors que Joachim du Bellay décèle chez Marguerite de France cette grâce et douceur, et ce je ne sais quoi… Ce «  je ne sais quoi  » qui ne cessera, siècle après siècle, de changer de registre, d’appeler à la transcendance ou à la dissonance, jusqu’à Michel Houellebecq, maître du contre-pied : « dans l’abrutissement qui me tient lieu de grâce »

Car La Grâce n’est pas que divine ou bénie, pas que gracieuse, évanescente ou mièvre, pas que céleste et inexprimable.

Il y a bien sûr la bonne ou la mauvaise grâce rimbaldienne, la grâce consolante de Verlaine, la grâce charnelle d’Éros, la grâce d’union mystique, la grâce du cœur et de l’esprit de Max Jacob mort à Drancy, qu’a célébré Éluard. Il y a ce chant de grâce pour l’attente, et pour l’aube plus noire au cœur des althæas, qui chez Saint-John Perse, et ces fleurs de guimauve claires, amplifie à dessein le mystère.

Mais il y a surtout cet état de grâce de la parole, et du corps tout entier, que connaissent les poètes autant que les athlètes ou les aventuriers.

Il est temps d’affûter nos âmes pour que la créativité, l’allégresse et la splendeur, comme on le disait des Trois Grâces de la mythologie, transcendent nos imaginaires et nos vies, quelles que soient les heures ténébreuses ou solaires.

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