Robert Badinter : « Je suis un Hugolâtre ! »

© Photo : JB Autissier / Panoramic / Bestimage
Victor Hugo contre la peine de mort

Anthologie de textes de Victor Hugo sur la peine de mort : croisade de l'humaniste, obsession de l'écrivain et du poète, œil noir du dessinateur. Ce livre ne relate pas seulement l'histoire d'un combat politique, mais l'autobiographie intellectuelle d'un homme hanté par la mort donnée à un homme au nom des hommes, « ce crime public ». Avec une préface de Robert Badinter.

Robert Badinter nous quitté à l’âge de 95 ans, le 9 février. Il restera dans l’histoire comme l’homme de l’abolition de la peine de mort. 

Mais pourquoi en parler dans strophe.fr. Quel rapport entre le garde des sceaux et la poésie  ?

Robert Badinter été particulièrement marqué chez Victor Hugo par ce qui fut le premier, le plus long et le plus constant de tous les combats de l’écrivain – celui qu’il mena contre la peine de mort. Et, dans l’œuvre immense de Victor Hugo il est difficile de dissocier l’écrivain engagé du poète.

Hanté par ces « meurtres judiciaires », il va tenter toute sa vie d’infléchir l’opinion en décrivant l’horreur de l’exécution, sa barbarie, en démontrant l’injustice et l’inefficacité du châtiment. Utilisant son génie d’écrivain et son statut d’homme politique, il met son talent au service de cette cause, à travers romans, poèmes, plaidoiries devant les tribunaux, discours et votes à la Chambre des pairs, à l’Assemblée puis au Sénat, articles dans la presse européenne et lettres d’intervention en faveur de condamnés en France comme à l’étranger.Missak Manouchian (1906-1944), leader du groupe de l’Affiche Rouge, a été exécuté avec ses camarades au Mont-Valérien. Sa dernière lettre adressée à son amour Mélinée a inspiré à Louis Aragon l’un de ses plus grands poèmes.

Hanté par ces « meurtres judiciaires », il va tenter toute sa vie d’infléchir l’opinion en décrivant l’horreur de l’exécution, sa barbarie, en démontrant l’injustice et l’inefficacité du châtiment. Utilisant son génie d’écrivain et son statut d’homme politique, il met son talent au service de cette cause, à travers romans, poèmes, plaidoiries devant les tribunaux, discours et votes à la Chambre des pairs, à l’Assemblée puis au Sénat, articles dans la presse européenne et lettres d’intervention en faveur de condamnés en France comme à l’étranger.

Hugo et la peine de mort | Robert Badinter à la Bibliothèque nationale de France en 2002

Victor Hugo et la peine de mort : conférence du 14 mars 2002

Quand les arguments de Robert Badinter font écho à ceux de Victor Hugo

Victor Hugo, est non seulement reconnu pour son oeuvre littéraire monumentale mais aussi pour son engagement politique et social. Parmi les causes qu’il a ardemment défendues tout au long de sa vie, la lutte contre la peine de mort occupe une place prépondérante. Son opposition à la peine capitale s’inscrit dans un mouvement plus large de réflexion sur la justice, la rédemption et les droits de l’homme, qui animait alors l’Europe.

Dès ses premières œuvres, Hugo manifeste une profonde répulsion à l’égard de la peine de mort. Cette opposition s’illustre de manière poignante dans ses romans, ses discours et ses textes politiques. Dans « Le Dernier Jour d’un Condamné » (1829), il adopte la perspective d’un homme condamné à mort, offrant au lecteur une plongée intime dans l’angoisse et la désolation que suscite l’attente de l’exécution. Ce roman, écrit bien avant l’apogée de son engagement politique, marque le début de sa lutte contre la peine capitale.

Hugo ne se contente pas d’une critique littéraire de la peine de mort; il s’engage activement dans le débat public. Élu à l’Assemblée Nationale après la révolution de 1848, il prend la parole à plusieurs reprises pour plaider en faveur de l’abolition de la peine de mort, en faisant valoir des arguments juridiques, moraux et humanistes. Pour lui, la justice ne peut se réduire à une logique de vengeance et l’État ne doit pas exercer le droit de tuer.

L’un de ses discours les plus célèbres sur le sujet fut prononcé en 1848, où il déclarait : « Vous avez vos mains pleines du sang de la tête que vous venez de trancher ; je viens laver cette tête et vos mains. » Par cette rhétorique puissante, Hugo cherche à éveiller les consciences sur l’inhumanité et la barbarie que représente la peine de mort.

L’engagement de Hugo contre la peine de mort s’inscrit dans sa vision d’une humanité progressiste, où la réforme sociale et la clémence doivent primer sur la répression et le châtiment. Il envisage une société où la justice réparatrice remplacerait la justice punitive, permettant ainsi à chaque individu de se racheter.

Victor Hugo a vécu jusqu’en 1885, sans voir l’abolition de la peine de mort en France, qui n’interviendra qu’en 1981. Cependant, son œuvre et son engagement ont largement contribué à sensibiliser les générations futures à cette cause. Hugo demeure une figure inspirante dans le combat pour les droits de l’homme et contre la peine de mort, prônant inlassablement la compassion, l’empathie et la rédemption comme fondements de la justice.

Badinter et Hugo coauteurs d’un Opéra

"Claude" de Robert Badinter et Thierry Escaichi

L’ancien garde des Sceaux, passionné d’opéra, avait écrit le livret d’un opéra « Claude », inspiré d’une œuvre de Victor Hugo et mis en scène par Olivier Py à Lyon en 2013.

Inspirée par « Claude Gueux » de Victor Hugo, l’œuvre « Claude » de Robert Badinter et Thierry Escaich présente une trame légèrement modifiée. L’existence de ce Claude est attestée par les archives judiciaires de Troyes, où son dossier a été méticuleusement étudié par Robert Badinter. Ce récit narre la vie de Claude, un travailleur de la Croix-Rousse, qui partage un quotidien à la fois simple et épanouissant avec sa compagne et leur fille. Confronté à la précarité imposée par un employeur choisissant de remplacer ses ouvriers par des machines anglaises, symboles d’une technologie naissante, Claude opte pour la résistance plutôt que la soumission à cette misère. L’époque se caractérisait non par la délocalisation, mais par une forme de déshumanisation. Rejoint par ses camarades canuts, il prend les armes et se lance dans la lutte sur les barricades. Sa rébellion lui vaut une condamnation à sept ans d’enfermement dans l’atelier-prison de Clairvaux. Là, sa passion pour son métier et son aversion pour l’injustice le transforment en une figure emblématique parmi les prisonniers. Cependant, le directeur de la prison, déterminé à le soumettre, va jusqu’à le séparer de son ami le plus cher, Albin. Dans un crescendo d’injustice et de violence, Claude assassine le directeur, acte qui le mènera à son tour à l’échafaud.

Pas de commentaire

Désolé, Strophe.fr n'autorise pas les commentaires pour cet article.

#SUIVEZ-NOUS SUR INSTAGRAM