Guillaume Decourt, Prix Max Jacob 2024

© Photo : Olivier Pascaud
Lundi propre de Guillaume Decourt – La Table ronde

Lauréat du Prix Max Jacob 2024 pour « Lundi propre » (La Table ronde 2023), Guillaume Decourt a publié une dizaine de recueils, parmi lesquels « Un gratte-ciel, des gratte-ciel » (Lanskine, 2019), « À 80 km de Monterey » (AEthalidès, 2021) et « Le Bonjour de Christopher Graham » (AEthalidès, 2023).

Ayant grandi entre Israël, l’Allemagne, la Belgique et le Massif central, ce poète a aussi habité à Mayotte, en Grèce, et en Nouvelle-Calédonie. Ses expériences de vie, mêlant réel et imaginaire, lui fournissent une matière première unique, empreinte d’une évocation puissante, qu’il verse dans ces soixante-dix strophes de dix vers chacune, d’une précision chirurgicale. Dans « Lundi propre », chaque poème se dévoile telle une énigme, une scène brève aux allures de mosaïque. Sa voix, à la fois tendre et empreinte d’une mélancolie amusée, dessine un paysage varié et intemporel, habité par des figures marquantes et des oiseaux de paradis. Au fil de ce voyage à travers une géographie personnelle et stylisée, nous rencontrons le spectre d’un amour perdu, l’écho d’un enfant jamais né, des aspirations à un héroïsme et à une virilité nostalgique, légèrement désenchantée. « Quelqu’un me manque, je ne sais pas qui » – « ce soir je suis presque heureux de ma vie », réfléchit le poète, dont la versification incline vers la malice et l’autodérision. Tant qu’il restera « un ciel très bleu et des citrons très jaunes », pour Guillaume Decourt, l’écriture demeure avant tout un exercice de joie qu’il nous transmet avec une vraie profondeur.

le prix Max Jacob lui sera remis le 11 mars à l’Hôtel Swann à Paris

Extrait

Aller simple

Minuit descendant la rue d’Alésia
Je songeais à celui qui sur un pont
Dans la brume à Livourne rencontra
Une femme pleurant un homme dont
Elle ne savait presque rien j’avais
Beaucoup plus de chance que ces trois-là
Seul dans Paris désert moi qui savais
Découper une orange avec ma joie
Comme je l’appris pour plusieurs années
D’une lionne de la mer Égée

Le Prix Max Jacob

« Quand je mourrai je fonderai une académie : on y louera les œuvres simples, sans fabrication ni habiletés périmées, exprimant des choses senties, pensées directement, portant la marque des doigts forts, statufiant les hommes. On en repoussera tout ce qui est glycérine, glycine, glissage, réglisse, savonnette et développement du dictionnaire… » (à Jean Cocteau, 4 juillet 1922).

Grâce à Jean Denoël, premier président de l’Association des Amis de Max Jacob et secrétaire particulier de Florence Frank Jay Gould, le vœu de Jacob a été exaucé par le Prix Max Jacob né en 1951. Jusqu’en 2019, il a été doté par la Fondation Gould par une fidélité continue de soixante-huit années.

Le Prix Max Jacob est remis par un jury présidé par Jean-Baptiste Para. Ce prix distingue le dernier ouvrage – et plus largement l’œuvre poétique – d’un auteur d’expression française. La liste des lauréats révèle un panorama de la poésie française d’aujourd’hui et illustre son histoire. Dans le contexte général de l’édition et de celui de la poésie en particulier, par ses dotations, sa longévité et son audience, ce prix s’est inscrit parmi les plus prestigieux.

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