27 Fév La légende de Saigyô
Ecrite 50 ans après sa mort et publié pour la première fois en 1646, la biographie de Satô Norikiyo alias Saigyô vient d’être rééditée. L’ouvrage sur le plus grand poète du japon avait été une première fois publié en 1981.
Jusqu’à l’âge de 22 ans, Satô Norikiyo mène une existence opulente, entouré de luxes et de richesses. À ce moment de sa vie, il est déjà marié et père d’une fillette de quatre ans. Descendant d’une lignée de guerriers, il endosse l’illustre fonction de garde impérial. Cependant, à 23 ans, il prend la décision radicale d’abandonner son existence privilégiée pour s’installer dans la solitude des montagnes. Renonçant à sa famille et à ses avantages, il embrasse une vie ascétique, dédiée au bouddhisme et à la littérature, jusqu’à son décès en 1190. Adoptant le nom de Saigyô, il sera posthumément salué par Matsuo Bashô, maître incontesté du Haïku, comme le plus éminent poète du Japon, ayant laissé une empreinte indélébile sur sa littérature. « La légende de Saigyô » narre son histoire fascinante, un récit qui a subi de multiples révisions au fil des siècles et qui est présenté ici dans la traduction de René Sieffert, éminent spécialiste du japonais classique.
Saigyô, figure littéraire de renom, est vu comme le précurseur du style de vie et d’écriture ermite. Perpétuellement en voyage, il consacre son existence au bouddhisme et à la poésie, spécifiquement au genre waka. Bien que le Haïku soit aujourd’hui la forme poétique japonaise la plus reconnue en Occident, le waka est le genre poétique originel du Japon. Avant l’avènement du waka, le chinois était la langue privilégiée pour l’écriture des textes. Cependant, le waka légitime l’usage du japonais non seulement pour la lecture mais aussi pour l’écriture et le chant. Apparaissant au VIIIe siècle, les poèmes waka, composés de 31 syllabes, se catégorisent en deux formes : les tanka, de style court, et les choka, de style long. Les tanka, par leur grande popularité, s’imposent et préparent le terrain pour l’émergence des Haikaï, ancêtres du Haïku, genre que Matsuo Bashô perfectionnera au 17e siècle et qui sera rebaptisé Haïku sous l’influence de Masaoka Shiki.
En délaissant son existence aisée pour la solitude monastique, Saigyô devient le pionnier d’une poésie à la fois novatrice et empreinte de sensibilité. Il contribue richement à l’évolution de la littérature japonaise, devenant une figure essentielle de son patrimoine culturel. Ses œuvres continuent d’inspirer des générations de poètes et donnent naissance à des genres littéraires qui captivent le monde entier. Pour beaucoup, hier comme aujourd’hui, Saigyô demeure le poète japonais par excellence.
Extrait
Alors qu’il devrait
d’un côté se lamenter
de l’autre espérer
ignorant la vie future
comment l’homme peut-il vivre
Quand donc viendra l’heure
où du songe enfin tiré
d’un long sommeil
je finirai par trouver
l’Éveil véritable
À quoi donc mon cœur
est-il toujours attaché
pour que de la sorte
cette vie présente encore
me paraisse délectable
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