Adonis, « Le Louvre, espace de l’alphabet à venir »

© Photo : Ed. Seghers
Le Louvre, espace de l’alphabet à venir – Adonis – Editions Seghers
Traduit par l’auteur et Donatien Grau 

Une promenade au Louvre comme un rêve éveillé aux portes de l’Europe et de l’Asie par l’un des plus grands poètes arabes vivants.

Ali Ahmad Saïd, né le 1er janvier 1930 à Qassabine dans le nord syrien, adopta le pseudonyme d’Adonis à l’adolescence, moment où il commença à publier ses premiers poèmes. Arrêté pour ses activités politiques et emprisonné pendant six mois, il s’évade à l’âge de vingt-six ans pour se réfugier à Beyrouth, au Liban, où il va développer une œuvre singulière. Son œuvre de 1961, « Les Chants de Mihyar le Damascène », est considérée comme un point de bascule dans sa carrière et dans sa recherche d’une expression moderne.

En tant que fondateur de revues, intellectuel, essayiste et traducteur, Adonis a créé une forme de poésie avant-gardiste qui s’inspire à la fois de la splendeur de la poésie arabe ancienne et de la diversité de la poésie occidentale. Il est une figure majeure de la poésie, reconnu du Maghreb au Kerala, en passant par l’Europe, la Chine, le Mexique et les États-Unis. Vivant en France depuis 1985, pays dont il a acquis la nationalité et où il a été honoré comme commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, Adonis a accepté pour la première fois l’invitation d’une grande institution culturelle avec son œuvre « Le Louvre, espace de l’alphabet à venir ».

Salué comme « l’homme qui a revitalisé la poésie arabe » par The New Yorker, Adonis est considéré comme un des principaux rénovateurs de la langue arabe et de la poésie en général. Il entretient une relation complexe avec le concept de musée, cherchant constamment à projeter l’art vers l’avenir. « Le Louvre, espace de l’alphabet à venir », un poème en sept parties et publié en édition bilingue, représente sa première œuvre dédiée entièrement à un musée.

Parcourant le département des antiquités orientales du Louvre, il mêle son savoir et son imagination aux œuvres exposées pour nous transporter en Mésopotamie, au cœur des cités mythiques comme Babylone ou Palmyre.

Dans ce voyage littéraire, Adonis anime les mythes de Gilgamesh et Enkidu, tout en ramenant à notre époque des figures historiques telles qu’Alexandre le Grand et Nefertiti. Avec une perspective à la fois large et profonde, il tisse sans cesse des liens entre le passé lointain et notre présent – celui-ci étant également celui de l’œuvre d’art –, créant ainsi une multitude de visions uniques.

Adonis, sage et poète

Le doyen des poètes arabes,  continue de cheminer sur la voie de la rébellion et de la radicalité fondatrices de son œuvre. Œuvre qui, dès le commencement, procède d’une critique sans concession du système religieux islamique sclérosé qui s’est imposé au corps social pour l’enfermer dans l’exclusivisme, la non-reconnaissance de la moindre altérité, le laissant prospérer dans la médiocrité de l’être. S’y ajoute l’extrême violence par laquelle s’exerce le pouvoir théologico-politique qui détruit cruellement toute forme de différence ou d’opposition.

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