La poésie dans la peau

© Photos : DR - Maud Darmaun

Les années 1990 sont révolues et avec elles s’en sont allés les signes tribaux qui ornaient triceps et mollets sur les plages d’Ibiza.

Aujourd’hui, les plus belles pages de la poésie s’invitent sur la peau des hommes autant que sur celle des femmes. La tendance du tatouage littéraire, une fusion entre l’art corporel et la passion pour la littérature, marque une ère nouvelle dans le monde du tatouage, témoignant d’un désir profond de garder près de soi les mots qui façonnent nos vies. Cette mode n’est pas seulement une affaire d’esthétique; elle est le reflet d’une connexion personnelle et intime avec les textes qui ont le pouvoir de changer des vies, de réconforter, d’inspirer ou simplement de faire sourire.

“Poésie Muette” : tatoueuse et poètesse

Maud Darmaun est connue dans le petit monde du tatouage sous le nom évocateur de « Poésie Muette ». Un pseudonyme qui évoque la citation attribuée à Simonide de Céos et reprise à la Renaissance par de Vinci : « la peinture est une poésie muette et la poésie une peinture aveugle » .

Pour Maud, le tatouage est avant tout un dialogue. Avant chaque séance, elle prend le temps de s’immerger dans l’histoire de ses clients, d’explorer les profondeurs des mots choisis, afin que chaque trait de son aiguille leur confère une identité unique. Si les clients viennent à elle avec une idée, un souvenir ou un sentiment qu’ils souhaitent immortaliser, c’est ensemble qu’ils explorent la beauté et la complexité de l’expression écrite. Ainsi, ce n’est pas simplement l’encre qui est posée sur la peau, mais les mots eux-mêmes, chargés d’histoire, de sens et d’émotion, transformant le verbe en art corporel.

Dans un monde où l’éphémère est souvent privilégié, Maud offre une alternative permanente et personnelle, une façon de garder vivants les mots qui nous définissent, nous consolent ou nous élèvent.

“l'Apocalypse” selon Poésie Muette

Maud n’est pas que tatoueuse, elle écrit, compose, tisse des mots comme on tisse des rêves. Son travail est une quête incessante de beauté dans l’ordinaire, de lumière dans l’obscurité. Les mots qu’elle choisit sont des éclats de vérité, capturant des moments de vie dans leur plus simple appareil.

La poétesse ne se contente pas de décrire le monde ; elle l’interroge, le défie, l’embrasse, le transformant en une œuvre d’art qui résonne avec un public à l’écoute.

Avec son « Apocalypse » elle partage ses créations comme on partage un secret. “l’Apocalypse » c’est un projet original un peu fou, un long poème unique, qu’elle a composé durant le confinement et encré sur 80 personnes. Des dizaines de corps qui deviennent les gouttes d’eau d’une même vague attendant, un jour peut-être, d’être révélées entre elles pour ne former qu’un seul sillage.
Alors que le tatouage est un geste hautement individuel, Maud propose avec « Apocalypse » un lien invisible ; un pont charnel entre des êtres différents, tous gardiens d’une mémoire qui ne se révèle vraiment que lorsqu’elle devient collective.

Cette artisane de la peau et du verbe opère dans un espace intime entre le tangible et l’intangible, un moyen pour l’éphémère de laisser une empreinte durable dans le temps. C’est un acte de résistance contre l’oubli.

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