Pompidou : une politique poétique

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Pompidou et la poésie

Georges Pompidou, Un président passionné de poésie de Jean-Luc Pouliquen 
Editions L’harmattan

Anthologie de la poésie française de Georges Pompidou
 Le Livre de Poche

À l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Georges Pompidou, Strophe pose un autre regard sur l’homme d’état. L’occasion de le découvrir homme de lettres, féru de culture, de littérature mais aussi de poésie. Sans pourtant n’avoir jamais écrit un vers lui-même ! À sa femme, qui lui demandait pourquoi, il répondait simplement : « Les poètes n’aiment pas les poésies des autres ».

Président de la République française de 1969 à 1974, Georges Pompidou avait placé la préoccupation poétique au cœur même de son exercice du pouvoir. « Poètes et politiques doivent être guidés par une conception du sens de la vie et, j’ose dire, un besoin d’idéal, écrivait-il. Mais les poètes l’expriment et les politiques cherchent à l’atteindre ».

Sa jeunesse, son éducation et les influences littéraires ont façonné son amour pour la poésie.

Pompidou a développé très tôt une passion pour la poésie et la culture, influencée par son environnement familial et son éducation. Sa jeunesse dans le Cantal, une région rurale de France, a contribué à forger son amour pour la littérature française classique. Ses études brillantes à l’École Normale Supérieure, où il a étudié la littérature, ont renforcé son intérêt pour la poésie et la culture. Il était connu pour sa connaissance approfondie des poètes français et pour intégrer la poésie dans sa vie politique et personnelle, reflétant son parcours culturel riche et varié.

À cinquante ans, il écrivait : « La passion de la poésie, dont on me prédisait lorsque j’étais enfant qu’elle passerait, a persisté au-delà « du milieu du chemin de la vie ». Elle ne le quittera jamais. « La poésie, disait-il, est, ou peut, se trouver partout (…) Il y a la poésie du soleil et celle de la brume, la poésie de la découverte et celle de l’habitude, de l’espoir et du regret, de la mort et de la vie, du bonheur et du malheur…»

Dans les joies familiales comme dans l’univers glacé du pouvoir, dans sa jeunesse heureuse comme dans la douleur des derniers jours, l’art et la poésie lui firent aimer la vie, même dans les pires moments. Car à cet homme qui réussit tout, rien ne fut épargné. Il traversa des épreuves terribles, se battit contre les préjugés, contre la calomnie, contre la maladie. Sans l’amour de l’art et de la poésie on ne peut rien comprendre à un homme que rien ne semblait pouvoir ébranler tant sa force intérieure était grande.

Sa passion pour la poésie a influencé sa vision de la politique et son exercice du pouvoir de plusieurs façons.

En tant que Président, Pompidou a utilisé sa connaissance et son amour de la culture comme un moyen de communiquer avec le public et de façonner son image publique. Il n’était pas rare qu’il cite des poètes ou qu’il fasse référence à des œuvres littéraires dans ses discours et ses communications. Cela lui permettait de se distinguer d’autres politiciens et d’ajouter une dimension plus personnelle et intellectuelle à son image publique. En deuxième lieu, sa passion pour la poésie et la culture en général a influencé sa politique culturelle. Pompidou a été un fervent défenseur de la promotion de la culture française, ce qui s’est traduit par le soutien à des projets culturels d’envergure, comme la construction du Centre Georges Pompidou, également connu sous le nom de Beaubourg. Ce centre culturel, qui porte son nom, était destiné à être un lieu de vie culturelle ouvert à tous, reflétant sa vision d’une culture accessible et partagée.

Enfin, sa compréhension et son appréciation de la culture ont informé son approche de la diplomatie culturelle. Pompidou a compris l’importance de la culture dans les relations internationales et a utilisé la culture française comme un outil de soft power pour promouvoir les intérêts de la France à l’étranger.

En résumé, bien que la poésie elle-même n’ait pas directement influencé les décisions politiques de Georges Pompidou, son amour pour la littérature et les arts a profondément marqué son approche de la présidence, de la communication politique, de la politique culturelle et de la diplomatie. Son héritage inclut une emphase sur l’importance de la culture et des arts dans la société française, qui continue d’influencer la France aujourd’hui.

Son répertoire poétique

La poésie 

« La poésie est, pour moi, la forme d’art la plus parfaite, en tout cas celle qui me touche le plus. Elle a, entre autres, le mérite de se fixer facilement dans la mémoire de sorte qu’on l’a à sa disposition en permanence, ce qui ne peut pas être le cas des arts plastiques évidemment, ni même des œuvres en prose. Il y a la musique mais je ne suis pas assez musicien pour me répéter à moi-même une œuvre musicale sans le secours de l’orchestre ou du disque. Mais je considère la poésie comme autre chose qu’une forme d’art ou d’expression ; c’est aussi un ton, une coloration, une capacité d’évocation ou de rêve. »

Baudelaire

« Baudelaire, c’est d’abord pour moi, bien sûr, un poète qui a exprimé aussi bien que personne et mieux que presque tous les thèmes de l’éternelle poésie. Mais c’est aussi, c’est avant tout peut-être […] quelqu’un qui a, le premier, dans l’expression de ces thèmes éternels, parlé le langage, traduit les préoccupations et la sensibilité de l’homme moderne. (…..)À ce titre, je pense que Baudelaire, plus que du XIXe siècle, est un homme du XXe siècle dans la mesure où (est-ce par ignorance, par indifférence ou par génie ?) il va très au-delà de ses contemporains qui, assistant aux premières grandes transformations du monde moderne, y voyaient purement, et je dirai simplement, la confirmation de leur foi dans la raison et dans la science. Car Baudelaire, s’il mesure l’ébranlement des vieilles croyances, s’il perçoit le craquement des cadres anciens, métaphysiques, moraux, sociaux, refuse les certitudes de l’optimisme scientiste. Et c’est pourquoi, à mes yeux, il est tellement actuel » (extraits de l’Allocution au colloque Baudelaire-27 mai 1967)

Poésie et politique

« Poètes et politiques doivent avoir la connaissance intuitive et profonde des hommes, de leurs sentiments, de leurs besoins, de leurs aspirations. Mais, tandis que les poètes les traduisent avec plus ou moins de talent, les politiques cherchent à les satisfaire avec plus ou moins de bonheur »

Léopold Sédar Senghor

Depuis leur khâgne au lycée Louis-le-Grand, Georges Pompidou était très ami avec l’homme d’état sénégalais. « Sur le plan affectif, cette amitié m’a apporté énormément. Sur d’autres plans ça m’a permis de ressentir à quel point les préjugés de race sont absurdes et à quel point toutes les races et tous les continents portent en eux leur propre originalité et leur propre capacité et qu’il n’y en a pas de supérieurs ni d’inférieurs. »

Georges Pompidou cite Eluard lors de l’affaire Russier

Répondant à une question de Jean-Michel Royer, rédacteur en chef de Radio – Monte-Carlo, lors d’une conférence de presse, sur l’affaire Gabrielle Russier. 

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