Connaissez-vous Milosz ?

Illustrations issues des « Œuvres » d’Oscar Milosz parues dans la collection Quarto, aux éditions Gallimard.
Milosz à Genève, vers 1919-1920.
© archives andré silvaire / Photo A. Chappuil, cliché Olivier Piveteau
Œuvres
O. V. de L. Milosz – Édition de Christophe Langlois et Olivier Piveteau. Préface de Christophe Langlois
Collection Quarto – Éditions Gallimard

« Mes pensées sont à toi, reine Karomama
dont le nom oublié chante comme un chœur de plaintes
dans le demi-rire et le demi-sanglot de ma voix
car il est ridicule et triste d'aimer la reine Karomama
qui vécut environnée d'étranges figures peintes
dans un palais ouvert, tellement autrefois
Petite reine Karomama… »

Connaissez-vous Milosz ? Ce titre, emprunté à une anthologie publiée en 1965 par André Silvaire, illustre parfaitement la discrétion entourant Oscar Vladislas de Lubzic-Milosz (1877-1939), figure majeure de la littérature francophone. Poète, romancier, dramaturge et diplomate, il demeure longtemps méconnu malgré l’admiration de ses contemporains comme Oscar Wilde, qui le qualifiait de « Poésie incarnée ».

Né sujet russe à Czereïa, en Lituanie historique, d’un père officier de l’armée du tsar et d’une mère juive polonaise, Milosz est marqué par une enfance solitaire. Il puise dans cette solitude une inspiration qui traverse toute son œuvre. Voyageur et polyglotte, il s’installe en France avec ses parents en 1889, où il devient un représentant de la jeune Lituanie. Son œuvre est d’une richesse incroyable, mêlant poésie, roman, théâtre et essais métaphysiques, aujourd’hui réunis dans une prestigieuse édition « Quarto ».

Diplomate le jour, poète la nuit, Milosz oscille entre engagement pour son pays et quête mystique. En 1914, il fait une première expérience spirituelle qui marquera son écriture, notamment dans Cantique de la connaissance. Ses écrits célèbrent autant la beauté de la vie que l’épreuve des ténèbres. Ses vers, tels que « Il faut vivre, vivre, rien que vivre », témoignent d’une profonde exaltation de l’existence malgré ses souffrances.

Malgré son talent et son rayonnement discret, Milosz reste souvent en marge des courants littéraires dominants. Aujourd’hui, avec cette nouvelle édition, il retrouve la place qui lui revient dans le panthéon littéraire, notamment pour ses poèmes empreints d’un lyrisme unique, où la tendresse côtoie des visions mystiques et un profond amour pour la nature.

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