12 Déc Quand les poètes mettent leurs textes en musique grâce à l’IA
L’intelligence artificielle (IA) s’impose, de plus en plus, comme une alliée précieuse dans le monde artistique, notamment dans la poésie et la musique. Des créateurs exploitent ses potentialités pour transformer leurs œuvres littéraires en compositions musicales uniques.
Un projet visionnaire au Brésil
En 2020, en pleine pandémie, l’écrivain et compositeur brésilien Bernardo Almeida publiait A Utopia do Carnaval sem Fim, un recueil de poésie en quatre sections thématiques. Trois ans plus tard, il franchit un nouveau cap en transformant cet ouvrage en un album musical éponyme, produit intégralement par une plateforme d’IA, une première au Brésil.
Sorti le 20 novembre 2024, l’album compte 48 morceaux pour un total de deux heures et demie de musique. Chaque section poétique du recueil trouve son prolongement musical dans des genres variés, de la musique électronique à la bossa-nova, en passant par le jazz fusion et le rock indépendant.
« L’IA n’a pas créé de ligne de texte. C’était ma contribution, la partie humaine du travail mécanique », précise Bernardo Almeida, soulignant que son rôle créatif est resté central. L’IA a généré les compositions et interprétations vocales sous sa supervision artistique.
Lire l’excellent article de Louella Boulland sur actualitte.com
A utopia do carnaval sem fim
La création sonore supervisée par le compositeur Bernardo Almeida a été réalisée grâce à l’intelligence artificielle. Celle-ci a transformé ses poèmes en compositions musicales, en générant des bases électroniques, des instruments virtuels et des voix masculines et féminines.
Quand la technologie devient muse
Des outils tels que Jukebox, développé par OpenAI, repoussent également les limites de la création musicale. En analysant des millions de morceaux, Jukebox génère des compositions originales à partir de simples textes. Il sélectionne les instruments, détermine le genre musical et façonne même les paroles. Toutefois, les résultats nécessitent souvent des ajustements humains pour affiner la qualité sonore.
Des expériences similaires en France
En France, le poète Stéphane Bataillon explore lui aussi les possibilités offertes par l’IA. Il associe des textes poétiques à des compositions musicales créées par des algorithmes. Pour lui, il s’agit de préserver l’essence de la création littéraire tout en expérimentant de nouvelles formes artistiques.
Dans son article intitulé « PO M IA #1 : la poésie à l’heure de l’intelligence artificielle », publié le 21 février 2023, il examine l’utilisation d’outils d’IA générative pour la création poétique. Il y partage une expérience où il soumet l’un de ses poèmes, extrait de son recueil Permettre aux étoiles, au logiciel d’IA générative Firefly d’Adobe, afin de générer une image associée au texte. Cette démarche vise à tester les capacités de l’IA dans la production artistique et à susciter une réflexion sur l’impact de ces technologies sur la création littéraire.
Une révolution créative
Ces initiatives illustrent la manière dont l’IA s’intègre dans la création artistique contemporaine. Loin de remplacer les poètes, elle agit comme un outil d’amplification, leur permettant de réinventer la relation entre texte et musique.
Toutefois, cette collaboration suscite aussi des interrogations sur l’authenticité de l’art produit par des machines. Où se situe la frontière entre créativité humaine et production automatisée ? Si les artistes conservent la maîtrise des textes, l’IA réinvente les cadres traditionnels de la musique en leur offrant une dimension nouvelle.
Le mariage de la poésie et de l’IA ouvre ainsi un champ d’exploration inédit, redéfinissant les frontières de la création artistique dans un monde de plus en plus connecté.
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