Le temps est une mère – Ocean Vuong

Le temps est une mère de Ocean Vuong – Gallimard 
trad. de l’anglais (États-Unis) par Marguerite Capelle

Ocean Vuong, jeune écrivain américain d’origine vietnamienne, renoue avec la poésie avec son nouveau recueil Le Temps est une mère, succédant à son roman plébiscité Un bref instant de splendeur.

Le premier roman de Vuong, Un bref instant de splendeur, prenait la forme d’une lettre intime d’un fils à sa mère illettrée. Avec Le Temps est une mère, il retrouve cette voix distinctive qui résonne de la violence des traumatismes aussi bien que de l’éclat de l’amour. Vuong, mettant sa confiance dans la puissance évocatrice du langage, mobilise l’énergie vivifiante de la poésie pour adresser la perte de sa mère et donner une forme à l’absence. Au gré des poèmes, des souvenirs affluent, révélant également les plaies de l’Amérique et notamment à titre personnel, le lourd tribut d’être le fruit d’un conflit américain sur son propre sol. Avec une poésie qui oscille entre éclats de vie et courage face à l’adversité, Ocean Vuong offre une œuvre qui témoigne de la résilience face aux épreuves, et du pouvoir salvateur de la littérature.

Qui est Ocean Vuong ?

Il est le petit-fils d’un soldat américain et d’une fermière vietnamienne, le fils d’une métisse contrainte à l’exil. Il est transféré en 1990 avec sa famille dans un camp de réfugiés aux Philippines avant de pouvoir gagner les États-Unis, où il grandira à Hartford, Connecticut. Il a fait ses études au Manchester Community College voisin avant d’être transféré à l’Université Pace pour étudier le marketing international. Sans terminer son premier trimestre, il abandonna ses études de commerce et s’inscrivit au Brooklyn College, où il obtint un baccalauréat en littérature américaine du XIXe siècle. Il a ensuite obtenu son MFA en poésie de NYU.  Il partage actuellement son temps entre Northampton, Massachusetts et New York, où il est professeur titulaire de poésie moderne et de poétique au sein du programme MFA de NYU.

Théorie de la neige

Je n’ai rien tué depuis 2006
L’obscurité dehors, humide comme un nouveau-né
J’ai corné le livre & immédiatement
Songé à la masturbation
Comment revenir à nous sinon en pliant
La page de sorte qu’elle pointe vers le meilleur passage
Encore un pays qui brule à la télé
Ce qu’on aura toujours, c’est ce qu’on a perdu
Dans la neige, la silhouette sèche de ma mère
Promets-moi que tu ne disparaîtras plus, ai-je dit
Elle est allongée un moment, pour y penser
Une à une les maisons éteignaient leurs lumières
Je me suis couché sur sa silhouette, pour la garder fidèle
Ensemble nous avons fait un ange
On aurait dit une chose détruite par un blizzard
Je n’ai rien tué depuis

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