Rilke : Notes sur la mélodie des choses

Notes sur la mélodie des choses
Rainer Maria Rilke – Editions Allia – Edition bilingue traduite de l’allemand par Bernard Pautrat – 64 pages

« Toute discorde et toute erreur viennent de ce que les hommes cherchent leur élément commun en eux, au lieu de le chercher dans les choses derrière eux, dans la lumière, dans le paysage au début et dans la mort. Ce faisant, ils se perdent et n'y gagnent rien en échange. »

Rédigées en 1898, alors que Rainer Maria Rilke n’a que 23 ans, ces notes composées de quarante courts paragraphes révèlent une pensée en pleine gestation, marquée par l’influence implicite de Nietzsche et de son ouvrage « La Naissance de la tragédie ». On y perçoit la résonance des concepts nietzschéens du dionysiaque et de l’apollinien, à travers la mise en tension entre le premier plan et l’arrière-plan, ainsi que la dialectique entre solitude et communauté.

À l’image de Nietzsche, Rilke aspire à une véritable révolution de la scène théâtrale, une réforme capable de provoquer un bouleversement à la fois culturel et existentiel. L’art italien, notamment les primitifs qu’il a découverts lors de son voyage en Italie au printemps 1898, constitue une autre source d’inspiration majeure dans ces écrits.

Bien que les réflexions de Rilke rappellent celles de ses contemporains – tels Max Reinhardt, Meyerhold ou Jacques Copeau, tous en quête d’un renouveau artistique contre le théâtre « réaliste » – son approche se distingue nettement de la leur. Ce que ces notes préfigurent, c’est avant tout la quête poétique unique de Rilke. La « mélodie des choses » qui imprègne ces pages esquisse déjà cette sensibilité rare qui le caractérisera tout au long de sa vie : une attention extrême aux détails tout autant qu’à l’infini, où la solitude devient un motif central de son œuvre.

Les éditions Allia nous dévoilent aujourd’hui les premières pages de ce texte inédit, présenté dans une édition bilingue, traduite de l’allemand par Bernard Pautrat.

Rainer Maria Rilke, né à Prague en 1875, est reconnu comme l’un des poètes de langue allemande les plus marquants de la première moitié du XXe siècle. Auteur des célèbres « Lettres à un jeune poète », « Le Livre d’heures », « Les Carnets de Malte Laurids Brigge », « Les Élégies de Duino » et « Les Sonnets à Orphée », Rilke a, très jeune, été salué comme un maître.

Au cours de son existence ponctuée de voyages, il a noué des liens avec les plus grands créateurs de son temps, de Rodin, avec qui il a travaillé en tant que secrétaire, à Boris Pasternak, Marina Tsvetaïeva, Tolstoï et Lou Andreas-Salomé. Rilke s’éteint en 1926, emporté par une leucémie, laissant derrière lui une œuvre imprégnée d’une profonde réflexion sur l’art, l’existence et la solitude.

Pas de commentaire

Désolé, Strophe.fr n'autorise pas les commentaires pour cet article.

#SUIVEZ-NOUS SUR INSTAGRAM