

Dans son œuvre hybride mêlant prose et vers libres d’une concision qui apporte à ce huis-clos une cadence implacable, Bérénice Pichat nous offre une plongée dans l’intime de personnages mutilés.
Le thème de l’infirmité y est omniprésent : l’infirmité du corps physique, l’exclusion du corps social et la déchirure d’un corps plus subtil : celui de l’âme.
Dans la France de l’après-Grande guerre, un face-à-face poignant s’établit entre une bonne et un ancien pianiste, coupé du monde et de ses membres suite la terrible bataille de la Somme dans laquelle il a perdu ses jambes, ses mains et une partie de son visage.
Le temps d’un week-end durant lequel son épouse part à la campagne pour retrouver un semblant de vie sociale, Monsieur révèle son plan : il voudrait que la bonne l’aide à mourir.
Une valse commence alors entre ces deux personnages réunis par le destin mais que tout sépare en apparence. La tension dramatique est soutenue, palpable à chaque instant et va crescendo jusqu’à atteindre un point de convergence où les protagonistes finiront par s’apprivoiser, se regarder et se comprendre.
Bérénice Pichat, grâce à un dispositif formel saisissant, propose une œuvre sensorielle, faite d’instantanés et de pensées intimes dénuées de toute fioriture ou sentiments superflus. Des gestes, des actes, des émotions brutes et puissantes qui dépeignent avec une extrême acuité une dissociation que les meurtrissures de la vie ont engendrées.
Bérénice Pichat est une autrice française et professeure des écoles au Havre. Passionnée d’Histoire, elle explore l’impact des événements historiques sur les individus. Dans La Petite Bonne elle dépeint les conséquences intimes de la Guerre de 14-18 et interroge sur un sujet d’une actualité poignante, le droit à mourir.
Bérénice Pichat présente son ouvrage « La petite bonne » lors d’un entretien avec la librairie mollat.
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