« La poésie se vend sur le long terme, et c’est l’ADN de la maison », insiste-t-il. Une ligne éditoriale profondément ancrée dans l’histoire de Gallimard : « Antoine Gallimard [président du groupe familial Madrigall] tient cela de son grand-père », rappelle Siméon, soulignant la continuité d’une conviction éditoriale rare dans le paysage littéraire français.

Avec plus de 60 ouvrages publiés depuis 2018, Jean-Pierre Siméon connaît bien le terrain. Si la moyenne de vente s’établit autour de 2 000 exemplaires par titre, certains auteurs atteignent des sommets inattendus. Christian Bobin, poète profondément aimé, décédé en 2022, a vu l’un de ses ouvrages franchir les 65 000 exemplaires. François Cheng dépasse les 28 000, tandis que Andrée Chedid, disparue en 2011, atteint les 36 000.

Des chiffres qui viennent contredire une croyance bien ancrée : non, la poésie n’est pas marginale, ni condamnée à l’oubli. Elle suit une autre temporalité, plus lente, plus intime, mais profondément durable. Et c’est justement cette fidélité des lecteurs, cette résonance silencieuse, qui continue de faire de la poésie un espace de sens à part entière.

Alors que la Journée mondiale de la poésie célèbre les mots, leur force et leur fragilité, Jean-Pierre Siméon en appelle à redonner toute sa place à ce genre littéraire, trop souvent confiné à la marge. Une parole vivante, résistante, et bien plus lue qu’on ne veut bien le croire.