La voie du large de Michèle Finck, publié aux éditions Arfuyen, est un recueil poétique qui s’inscrit dans la continuité de son œuvre, marquée par une intensité et une quête de sens. Michèle Finck conçoit la poésie comme une exploration de l’inconnu et une ouverture vers les lointains, influencée par les œuvres de Rilke, Celan et Dickinson, avec qui elle dialogue dans la section « Correspondances stellaires ». Elle se positionne comme la voix de ces auteurs, portant leur mémoire au sein de son œuvre.

Dans ce recueil, la poétesse tisse des liens entre l’écriture et le corps, comparant le geste d’écrire à celui de nager, une immersion totale qui engage corps et âme, malgré les doutes. La mer, figure récurrente, symbolise cet espace d’exploration, où l’écriture devient un moyen de redonner vie aux oubliés : des proches disparus, des figures historiques, ou encore des inconnus, comme cette femme sans abri sous le pont du Krimmeri. Michèle Finck compare les poètes à des Antigones, des figures qui cherchent à offrir des sépultures aux défunts à travers leurs vers.

Le doute, loin d’être un frein, est au cœur de son écriture, lui conférant profondeur et sincérité. Loin de chercher des réponses, la poète laisse au doute une place cruciale, faisant du poème un espace de questionnement. Ce doute, qu’elle accepte comme « la seule certitude », donne à sa parole une dimension universelle et intemporelle. Pour Michèle Finck, écrire, c’est avancer « sans sécurité » mais avec la foi en la beauté éphémère du monde, en une « grâce éphémère » qui donne souffle et ouverture à son œuvre poétique.